Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • PlayStation 5
  • PlayStation 4
  • Xbox One
  • Xbox Series
ÉditeurActivision
DéveloppeurSledgehammer Games
Date de sortieNovembre 2021

Call of Duty : Vanguard

Ralta
8 mai
2024

Une chose est sûre, dans les volets les plus récents de Call of Duty, l’expérience pour un joueur solo a quasiment disparu. Même s'il y avait des campagnes étoffées et cohérentes, le basculement vers le mode multijoueur comme alpha et oméga de chaque jeu s'est fait en 2007 avec la sortie de l'original Modern Warfare.

C'était une époque charnière pour la série Call of Duty et pour les jeux vidéo en général. L'accès généralisé à un internet de meilleure qualité a lancé la mode. Je me rappelle avoir acheté Modern Warfare à l'époque, pour le retourner aussi vite que possible, réalisant que ma connexion internet n'était pas suffisamment stable pour profiter du multijoueur. La campagne solo se terminait en quelques heures. Certes, ses illustres prédécesseurs n'étaient pas très longs non plus, mais après six heures de jeu, je n'ai pas pu attendre le lendemain pour l'échanger avec Assassin’s Creed, premier volet sorti à l'époque. Au moins, quelqu'un aura pu profiter du jeu à un prix plus abordable en occasion...

J'ai proposé un récapitulatif des anciens jeux Call of Duty, et j'avais l'impression que le mode multijoueur n'était pas la seule raison d'être de la série. En 2007, j'ai ressenti que l'internet était en train de bousculer l'industrie du jeu vidéo. La possibilité de connecter les consoles offrait aux joueurs un choix démultiplié de concurrence. Les développeurs en ont donc profité pour offrir des modes multijoueur plus étoffés, incitant le joueur à rester plus longtemps, ce que Call of Duty a clairement exploité jusqu'au bout.

Grâce aux améliorations technologiques offertes par la 7e génération de consoles, les jeux ont eux aussi évolué. Pour moi, qui aime me perdre dans des histoires longues à la Elder Scrolls ou Final Fantasy, mais qui apprécie aussi les FPS, ce n'est pas le changement qui m'a le plus réjouit. Néanmoins, beaucoup de joueur l'ont apprécié.

Avec Call of Duty : Vanguard de Sledgehammer, sorti en 2021, on retrouve toujours le même schéma. Le multijoueur prend le dessus et le mode solo semble encore être un petit ajout dérisoire. Entre temps, il y a tout de même eu Call of Duty : World at War, sorti en 2008, qui respectait le joueur solo et qui nous avait offert un volet ancré dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, avec un mode solo digne de ce nom - une histoire aux morales ambiguës, une bande son percutante et des personnages intéressants dont on se souvient… tout ce que Vanguard aurait dû être.

Malheureusement, ce jeu n'a franchement pas su être à la hauteur. Vanguard ressemble à un clash entre la culture du XXIe siècle et les décors du XXe siècle, un mélange étrange. Les personnages sont trop stéréotypés mais au niveau du décor, les graphismes restent toujours au top. On incarne un membre d'une équipe internationale - composée de Britanniques, Russes, Américains… - chacun arrivant avec sa propre histoire et ses motivations, que l'on découvre au fur et à mesure des missions qui commencent à Berlin, au moment de la chute du régime nazi en 1945.

Contrairement à ses illustres prédécesseurs des années 2000, Call of Duty : Vanguard ne cherche pas à être sacré meilleur jeu vidéo de guerre. Il suit plutôt la voie déjà tracée par Battlefield V et Medal of Honor, en adoptant le schéma narratif d'une histoire individuelle au sein d'une équipe d'opérations clandestines connue sous le nom de "Task Force Vanguard".

Hélas, l'histoire demeure parmi les plus faibles des volets "historiques" de Call of Duty. En résumé, nous suivons l'équipe chargée de récupérer des renseignements sur le Projet Phoenix, un programme top secret nazi, allant des îles Cap-Vert aux Bahamas, tout en découvrant en chemin tous les mystères occultes du Troisième Reich. Euh, B.J. Blaskowitz, tu es là ? On dirait qu'on aura encore besoin de toi... Mais honnêtement, cela nous importe peu... À chaque révélation de secret, nous attendons un nouveau chapitre, mais la campagne s'arrête brusquement là, après à peine sept heures de jeu. On parvient à vaincre le méchant, mais cela ne suscite aucune émotion.

Call of Duty : VanguardBon Baiser de Molotov

On observe une différence avec les anciens Call of Duty qui relataient l'histoire des soldats au cours du conflit - tel que le Débarquement de Normandie, la prise de Stalingrad... - sans se pencher sur des considérations de bien ou de mal. Ici, notre équipe doit atteindre l'objectif de la mission en affrontant Hermann Freisinger, qui tente de nous en empêcher. Il est vrai qu'on a tendance à oublier cet objectif, puis finalement, on se rappelle qu'il suffit de simplement tuer des Nazis (ou des Japonais selon le front !).

À de multiples reprises au cours du jeu, les actions nous rappellent que cette histoire a été écrite à notre époque (XXIe siècle), avec une prédilection pour les jurons. Cela commence dès le début et continue jusqu'à la fin..., je peine à me souvenir d'un autre jeu vidéo qui m'a autant bombardé les oreilles. Je ne suis pas spécialement partisan de la pudeur, mais il y a un moment où les gros mots ne font que dissimuler une pauvreté d'imagination et de vocabulaire. Mon avis repose surtout sur la version anglaise du jeu ; en VF, les personnages semblent avoir un langage un peu plus désuet, utilisant des expressions telles que "sacrebleu" et "mille millions de mille sabords" ! Les mots qui devraient être marquants semblent utilisés pour leur aspect choquant, ne servant ainsi qu'à masquer un véritable manque de dialogue et de construction du monde. C'est la partie la plus évidente de l'appauvrissement des dialogues présents dans Call of Duty : Vanguard.

Call of Duty : VanguardJ'adore l'odeur d'un lance-flamme au petit matin...

L'autre particularité du jeu, qui renforce finalement l'usage d'un vocabulaire cru, est l'absence relative de bande-son. Il y a de la musique, mais celle-ci reste véritablement en arrière-plan, derrière les bruits de combat, le mixage mettant en avant les coups de feu. Si l'objectif est de mettre l'accent sur le combat, c'est réussi, mais pour ce qui est de l'atmosphère du jeu, c'est raté selon moi.

Le plus malheureux dans tout cela, c'est que la jouabilité n'est pas mauvaise : les fusils sont d'époque et il est assez facile de cibler les ennemis, comme c'est toujours le cas dans les jeux Call of Duty actuels. Parfois, il y a des chiens d'attaque qu'il faut éliminer rapidement, sous peine de se faire tuer en un seul coup. Dans ce contexte, on incarne un personnage russe, Polina Petrova, qui semble basé sur les exploits des tireuses d'élite féminines de l'armée rouge comme Roza Chanina ou Lioudmila Pavlitchenko.

Même s'il y a des références quasi-historiques, comme Petrova, il y a aussi des Juggernauts en tant qu'ennemis, ou des Jägermörder, des soldats spéciaux équipés d'armements lourds tels que le MG 42 (avec ses 1 200 balles par minute) ou des fusils de tireur d'élite avec lunette, et qui sont habillés d'armures, de casques et de fumigènes. Inutile de préciser que ces "Goliath" n'existaient pas dans la réalité et n'ont pas été utilisés dans d'autres éditions de Call of Duty se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale.

Call of Duty : VanguardVoilà, l’éponge à balles !

On constate également que Vanguard se démarque nettement de ses prédécesseurs sur la Seconde Guerre mondiale et s'inspire davantage des temps modernes. Cependant, le changement le plus évident, à mon sens, réside dans les citations choisies à la fin des missions. Auparavant, ces citations provenaient de personnes réelles, plus ou moins connues, et résumaient bien la mission et le sentiment voulu dans le niveau lors de l'écran d'échec de mission. Dans ce volet, nous avons des traités philosophiques à la "Arthur Kingsley" qui nous racontent que "La chance n'était pas avec nous, mais elle ne l'est jamais. Le travail devait être fait de toute façon..." ou encore, comme le dit "Polina Petrova" : "Tuer n'est pas un remède à la tristesse. Mais ça me permet de faire comme si la tristesse était partie". Lorsqu'on les compare aux paroles du général Omar Bradley dans CoD III : "La guerre : un terrible avilissement de toutes les prétentions de la civilisation" ou d'Eisenhower : "Nous cherchons la paix, en sachant que la paix entraîne la liberté" ou encore de Robert Lynd, activiste et écrivain irlandais : "Le fait de croire qu'il peut exister une guerre courte et décisive est l'une des illusions les plus anciennes et dangereuses de l'homme", on réalise à quel point les pseudo-citations de Vanguard sont banals et enfantines.

Call of Duty : Vanguard
Comme l’annonce la grande philosophe Polina Petrova...

Malgré tout, Vanguard n'est pas un mauvais jeu en soi. Certes, l'histoire de la campagne est assez bancale et peu élaborée, et je ne trouve pas les personnages jouables particulièrement appréciables non plus. Le déroulement de l'histoire n'est pas très bien agencé, ni d'un point de vue historique ni en tant que fiction. De toute façon, le jeu est très (voire trop ?) court pour pouvoir faire autre chose avec l'histoire. On peut comprendre les critiques quand on voit la chronologie de sorties dictée par Activision, mais cela fait plusieurs années que ce rythme acharné est imposé aux développeurs de Treyarch, Sledgehammer et Infinity Ward.

Vanguard est un jeu de tir FPS avec une forte fidélité graphique et, de ce point de vue, le jeu fait le job, mais rien de plus. On peut bien considérer que l'objectif des Call of Duty modernes est de servir de fonds de vente pour les modes multijoueurs. La campagne de Vanguard semble n'être qu'une pensée secondaire. Les premiers Call of Duty semblaient avoir pour ambition de construire des campagnes intéressantes, avant de se concentrer sur le multijoueur.

Il est donc difficile de juger le jeu avec si peu d'ambition mise en avant. La campagne de Vanguard réussit à faire passer quelques heures de combat en préliminaire, afin d'habituer le joueur aux mécanismes nécessaires en multijoueur. On a surtout l'impression que les développeurs auraient pu en faire plus avec l'histoire principale, avec plus de temps peut-être. C'est là la grande déception de Vanguard, qui ne parvient même pas à un niveau d'historicité satisfaisant, puisqu'à part le cadre de 1945 et les armes d'époque, c'est à peu près tout ce qu'il y a dedans. On ne leur a pas demandé de révolutionner le genre, mais simplement de livrer un amuse-bouche pour un mode multijoueur remplacé l'année suivante. Les jeux à la chaîne, Henry Ford serait fier d'eux.

On ne sait pas si l'acquisition d'Activision-Blizzard par Microsoft va avoir un effet sur ce rythme infernal de sortie. Si j'étais parieur, je dirais qu'ils ne tueront pas la poule aux œufs d'or. J'espère que Microsoft laissera au moins aux développeurs le temps d'élever correctement les poussins à venir.

6.0
Call of Duty : Vanguard

Quand on a espéré que les jeux Call of Duty sur la Seconde Guerre mondiale étaient sur la bonne voie, grâce au volet Call of Duty : WWII, se retrouver avec Vanguard fut une sacrée déception. Avec une histoire peu prenante, un scénario peu approfondi et des personnages peu développés, la seule chose qui le sauve est son gameplay toujours aussi accrocheur pour peu qu'on apprécie le multijouer, mais qui a peu évolué ces dernières années.
Intérêt historique :C'est la Seconde Guerre mondiale vue à travers le prisme du XXIe siècle. Mis à part les armes d'époque, les lieux et les uniformes, il y a peu de choses que l'on peut qualifier d'historiques. Certainement, Vanguard est de loin le Call of Duty le moins réussi sur ce plan-là.
  • +Graphismes toujours aussi beau
  • +Comme dans tous les CoD, l’action est au rendez-vous
  • -Des anachronismes un peu partout
  • -Rien de vraiment original
  • -Une absence d’atmosphère, notamment musicale
8
Graphismes

C'est beau, et encore heureux pour un jeu AAA.

4
Durée de vie

Étant donné que le jeu ne sert que de passerelle vers le mode multijoueur, sa durée de vie est naturellement prolongée, mais du point de vue solo, sa courte durée reste décevante.

4
Ambiance

Un pas en arrière par rapport à Call of Duty : WWII. Malgré le contexte de guerre, l'absence relative d'une bande-son percutante, les pseudo-citations et l'introduction d'ennemis d'élite sans réel intérêt nous rapprochent davantage de Wolfenstein que de Hell Let Loose en termes d'ambiance.

2
Scénario

Ah bon, il y a un scénario... Si vous arrivez à vous en souvenir cinq minutes après avoir posé votre manette, alors bravo ! Heureusement que je fais des enregistrements comme aide-mémoire, parce que ça ne m'a vraiment pas marqué !

10
Technique

Aucun bug détecté durant mon essai. Ce qui devrait être une normalité pour un jeu AAA, surtout 3 ans après sa sortie.

8
Jouabilité

Facile à jouer quand on connaît le genre et, comme jeu phare d’Activision, il embrigade facilement les nouvelles recrues.


  • Ralta Rédacteur
  • "L'histoire sera gentille avec moi car j'ai l'intention de l'écrire." - Winston Churchill